Publié en avril 2018
Sécurité et santé au travail: pourquoi les jeunes sont-ils en danger?
De nos jours, il n’est pas facile d’être un jeune sur le marché du travail. De nombreux jeunes demandeurs d’emploi sont sous pression pour accepter la première offre d’emploi qu’ils reçoivent, souvent sans se demander si les conditions de travail mettent leur sécurité et leur santé en danger.
C’est un réel problème parce que les jeunes travailleurs sont beaucoup plus souvent victimes de lésions et de maladies professionnelles que leurs homologues adultes.
Découvrez cette Infostory pour en savoir plus sur la sécurité et la santé au travail des jeunes.
Définir les jeunes travailleurs
Les Nations Unies définissent comme «jeune» toute personne âgée de 15 à 24 ans. Selon cette définition, on dénombre aujourd’hui 541 millions de jeunes travailleurs dans le monde, représentant plus de 15% de la main-d’œuvre mondiale.
Parmi eux, on trouve des étudiants qui travaillent pendant leur temps libre, des apprentis, des stagiaires, des jeunes gens qui ont terminé ou abandonné la scolarité obligatoire, des jeunes travaillant dans l’entreprise familiale, de jeunes employeurs et des travailleurs indépendants.
Lésions et maladies pour les jeunes travailleurs
En 2014, 374 millions de travailleurs dans le monde ont été victimes de lésions professionnelles non mortelles. Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, les jeunes en Europe ont une probabilité 40% plus élevée de subir un accident du travail que les travailleurs plus âgés.
Pourquoi est-ce si important?
La sécurité et la santé au travail est un droit fondamental de l’homme mais ce n’est pas que cela.
Le coût humain
Le taux élevé d’accidents du travail chez les jeunes est particulièrement préoccupant, parce qu’un accident peut détruire une vie et ruiner les perspectives de carrière, le potentiel de gains et le bien-être général de toute une vie.
Le coût économique
Les mauvaises pratiques en matière de sécurité et de santé au travail coûtent environ 4% du Produit intérieur brut chaque année, soit près de 3 000 milliards de dollars.
Si ces estimations sont d’abord basées sur le coût économique pour les entreprises et l’Etat, quand un jeune travailleur est blessé, des années de productivité sont perdues en même temps que l’investissement dans son éducation et sa formation.
Facteurs de risque pour les jeunes
Emplois précaires
La crise mondiale de l’emploi des jeunes a engendré de fortes concentrations de jeunes travailleurs dans l’emploi informel, l’emploi temporaire et les formes atypiques d’emploi.
Souvent, ces emplois ne sont pas correctement contrôlés et les travailleurs informels tendent à manquer de représentation et à méconnaître leurs droits au travail.
Développement émotionnel
Les jeunes sont plus sensibles aux pressions sociales, y compris le désir de se conformer aux attentes et d’être perçus comme compétents et indépendants; cela peut conduire à adopter des comportements professionnels à risque.
Les jeunes sont parfois réticents à signaler des dangers au travail par crainte d’être perçus comme des râleurs ou des fauteurs de trouble.
Niveaux d’éducation
L’éducation a une influence positive sur la sensibilisation à la sécurité sur le lieu de travail.
Les jeunes travailleurs ayant un plus haut niveau d’éducation comprennent mieux ce qu’est la sécurité, sont plus respectueux des procédures de sécurité et sont moins souvent victimes d’accidents que les travailleurs moins instruits.
Manque de compétences et de formation
Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail pour la première fois n’ont pas les mêmes compétences ni la même expérience que les travailleurs plus âgés.
Pour un travailleur, le risque de lésion est quatre fois plus élevé pendant le premier mois dans un nouvel emploi qu’après 12 mois en poste.
Développement physique
Les jeunes travailleurs – en particulier les adolescents – sont encore au stade du développement physique.
Ce qui veut dire qu’ils éprouvent des réactions plus extrêmes aux toxines et sont davantage susceptibles de se blesser en manipulant du matériel et des machines conçus pour les adultes.
Vulnérabilités transversales
Des facteurs comme le sexe, le handicap et le statut de migrant se combinent avec l’âge pour augmenter les risques d’accidents du travail.
Par exemple, les travailleurs migrants endurent parmi les plus forts taux d’accidents. Plus de 70% des migrants ont moins de 30 ans.
Les secteurs plus dangereux
Construction
Ce secteur attire de forts contingents de jeunes travailleurs dans les régions en développement et affiche l’un des plus forts taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles.
Cela est dû à la nature dangereuse du travail, mais aussi à un manque de formation professionnelle pour un grand nombre de travailleurs immigrés, saisonniers et inexpérimentés.
Les secteurs plus dangereux
Agriculture
Ce secteur est un employeur majeur pour les jeunes des régions en développement.
A l’instar du secteur de la construction, l’agriculture compte parmi les secteurs les plus dangereux pour les travailleurs tous âges confondus, en raison de la nature du travail et du manque fréquent de formation professionnelle pour de très nombreux travailleurs migrants, saisonniers et peu qualifiés.
Près de la moitié de tous les adolescents effectuant des travaux dangereux travaillent dans l’agriculture.
Les secteurs plus dangereux
Secteur manufacturier
Beaucoup de jeunes travailleurs passent directement de l’école à l’emploi dans le secteur manufacturier. Les jeunes travailleurs représentent près de 10% de l’ensemble des travailleurs dans l’industrie manufacturière en Afrique et 20% en Europe orientale et en Asie centrale et occidentale.
Dans de nombreux pays développés, c’est le secteur qui enregistre la plus forte proportion d’accidents du travail impliquant de jeunes travailleurs.
Comment pouvons-nous résoudre le problème?
- Impliquer les jeunes
- Plus de données de qualité
- Législation et réglementation
- Collaboration tripartite
- Intégrer la SST à l’éducation
- Plaidoyer et sensibilisation
Impliquer les jeunes
Donner aux jeunes les moyens de prendre des mesures pour se protéger eux-mêmes et leurs collègues devrait être au cœur des stratégies visant à améliorer la sécurité et la santé des jeunes travailleurs.
De jeunes champions de la SST (sécurité et santé au travail) peuvent être les porte-parole internationaux d’une meilleure sécurité et d’une meilleure santé et apporter au débat une créativité, une énergie et un engagement dont nous avons grand besoin.
Plus de données de qualité
Les données permettant de comprendre les accidents du travail et les maladies professionnelles présentent de grandes lacunes. L’amélioration des systèmes nationaux de recueil des données nous permettra de mener des actions ciblées et basées sur des faits.
Il est essentiel que l’analyse des données prenne bien en compte des facteurs tels que le sexe, l’âge et le secteur économique.
Législation et réglementation
Les lois, les réglementations et les politiques concernant la sécurité et la santé des jeunes travailleurs ne devraient pas se limiter aux jeunes de moins de 18 ans.
Etendre les protections juridiques pour couvrir les travailleurs de l’économie informelle est aussi un moyen efficace de protéger les jeunes travailleurs.
Collaboration tripartite
Les gouvernements, les employeurs et les travailleurs, et leurs organisations, doivent collaborer pour obtenir des progrès durables dans ce domaine. Les jeunes doivent être pleinement impliqués par les gouvernements et les partenaires sociaux.
Les réseaux permettant d’échanger les connaissances en matière de SST (sécurité et santé au travail) doivent être renforcés afin que toutes les parties aient les moyens de se soutenir mutuellement en vue d’un changement complet et positif.
Intégrer la SST à l’éducation
Les jeunes devraient apprendre des notions de sécurité et de santé au travail dans le cadre de leur éducation, avant d’entrer dans la vie active.
Les jeunes travailleurs devraient recevoir une formation de SST spécifique à leur métier pour se préparer à travailler et au début de leur emploi.
Plaidoyer et sensibilisation
Il est essentiel de sensibiliser l’opinion publique pour résoudre le problème à l’échelle mondiale. Les expériences concrètes sont un moyen efficace d’éduquer les jeunes travailleurs à la sécurité et la santé au travail.
La presse et les réseaux sociaux sont des plateformes indispensables pour renforcer la sensibilisation et créer la demande de meilleures conditions de sécurité et de santé au travail.
Des jeunes en charge de leur propre avenir
Garantir la sécurité de la génération actuelle des jeunes travailleurs est aussi un investissement dans la sécurité des générations futures, et un investissement judicieux pour les entreprises et la société dans son ensemble.
Les jeunes comprennent mieux que quiconque la réalité de leur vie professionnelle; leurs voix et leurs idées devraient être au cœur des efforts visant à garantir leur sécurité et leur santé au travail.