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85e session


Allocution de Mme O. Keltosová
Présidente de la 85e session
de la Conférence internationale du Travail
3 juin 1997


Mon élection à la présidence de la 85e session de la Conférence internationale du Travail est un grand honneur pour moi, pour mon pays et pour le gouvernement de la Slovaquie.

J'aimerais exprimer ma reconnaissance aux délégués de tous les groupes régionaux ainsi qu'aux représentants des employeurs et des travailleurs qui m'ont soutenue et ont placé leur confiance en moi. J'aimerais remercier tout particulièrement l'ensemble des pays d'Europe centrale et orientale d'avoir appuyé ma candidature, ce qui permet à mon pays de présider cette année la Conférence internationale du Travail.

Mes remerciements s'adressent également à S. E., M. l'ambassadeur Mounir Zahran, ainsi qu'à M. Sibanda, (Zimbabwe), porte-parole du groupe des travailleurs, et à M. Oechslin (France), porte-parole du groupe des employeurs. Je les remercie de leur appui que, au nom de leurs groupes respectifs, ils m'ont apporté.

Tant mon gouvernement que moi-même souhaitons que cette session de la Conférence internationale du Travail soit fructueuse pour l'Organisation et pour ses Etats Membres. Je ferai de mon mieux pour faire avancer le débat sur les questions figurant à l'ordre du jour. Je suis convaincue que l'appui que vous m'avez apporté se maintiendra tout au long de la Conférence, et je suis certaine que votre participation aux travaux des diverses commissions et de la plénière sera guidée par l'esprit de consensus qui est une caractéristique fondamentale de la coopération tripartite à l'OIT.

Au seuil du millénaire prochain, le monde d'aujourd'hui s'oriente vers la globalisation. Ce monde rétrécit de jour en jour grâce aux communications et aux médias. Paradoxalement, la distance entre les hommes reste la même. La technologie moderne et les facilités de communication ne réduisent pas le fossé entre individus et entre pays. Bien au contraire, elles l'élargissent, ce qui crée des tensions sociales, économiques, politiques. Notre tâche consiste à atténuer ces tensions et à promouvoir la compréhension mutuelle et la coopération pour le bien-être de tous. C'est la raison d'être de toutes les grandes conférences internationales qui se sont concentrées sur divers aspects de notre vue, depuis le Sommet mondial de l'environnement, qui s'est tenu à Rio de Janeiro en 1992, jusqu'à Habitat II, qui s'est tenu à Istanbul en 1996.

Les organisations internationales sont des instances qui contribuent à la recherche et à la formulation de modes de coopération mutuellement avantageux. La première d'entre elles, l'OIT, a été créée en 1919, pour remédier aux souffrances subies par l'humanité avant et surtout pendant la première guerre mondiale.

Depuis sa fondation, l'OIT a mis en place un système de normes internationales du travail aujourd'hui composé de 180 conventions et 187 recommandations d'une grande valeur historique. L'action normative a toujours été la pierre angulaire des activités de l'Organisation. Elle a inspiré la législation de nombreux pays dans le domaine social et dans le domaine du travail et a contribué à l'amélioration du sort de nombreux travailleurs.

Toutefois, la situation politique, économique et sociale du monde a considérablement changé ces dix dernières années. La fin de la guerre froide, l'échec du système d'économie centralisée, la crise de l'emploi, qui touche tous les pays indépendamment de leur développement économique et social, et la mondialisation en sont les exemples les plus patents. Les relations internationales et la coopération internationale sont parvenues à une qualité nouvelle qui devrait également se refléter dans les activités normatives futures de l'OIT.

Les conclusions du Sommet mondial pour le développement social, qui s'est tenu à Copenhague en 1995, stipulent que l'emploi constitue une condition préalable pour le développement de la justice sociale. Dans la déclaration finale, les pays se sont engagés à faire du plein emploi l'un des objectifs prioritaires de leur politique économique et sociale, et ils ont souligné que l'OIT a un rôle tout particulier à jouer dans le domaine de l'emploi et du progrès social. A la réunion ministérielle de l'OMC qui s'est tenue à Singapour en décembre 1996, les gouvernements participants ont confirmé que l'OIT est l'organisation qui a compétence pour établir les normes du travail et en contrôler l'application.

Ce sont là quelques exemples de l'appui apporté aux activités normatives de l'OIT et il nous appartient à nous, représentants des Etats Membres, de relever le défi et de déterminer de façon responsable des orientations afin que l'Organisation soit en mesure de répondre aux espoirs placés en elle.

La fonction normative est étroitement liée à la question de l'application et du contrôle des engagements pris. Le renforcement du mécanisme de contrôle et le respect des conventions fondamentales de l'OIT en matière de droits de l'homme seront le test de la volonté des pays Membres de trouver une solution mutuellement acceptable et de montrer au monde extérieur que tous les engagements et déclarations qu'ils ont adoptés à diverses conférences, et notamment au Sommet mondial pour le développement social, ils les ont adoptés en étant pleinement conscients de leurs responsabilités politiques et résolus à leur donner suite.

Quelles que soient les divergences, il est évident qu'il existe un lien entre la mondialisation et la mise en oeuvre des objectifs de l'OIT. Le progrès social, et notamment l'amélioration de la protection des droits des travailleurs, doivent aller de pair avec la mondialisation. Chaque Etat, chaque entreprise, chaque multinationale, chaque individu devrait avoir sa part des avantages de la mondialisation, faute de quoi les tensions découlant de ce phénomène risquent de mettre en péril la stabilité sociale, qui est la base du bon fonctionnement de chaque société nationale et, en fin de compte, de compromettre l'avenir du monde.

Le rapport du Directeur général contient un certain nombre d'idées qui méritent que l'on y réfléchisse plus avant. A mon avis, il n'incombe pas à cette Conférence de définir avec précision l'avenir de la fonction normative et des mécanismes de contrôle, mais plutôt de s'entendre sur une approche future de ces questions, qui pourront ensuite être reprises par le Conseil d'administration du BIT. Il n'est pas possible de traiter de quelque question que ce soit du point de vue juridique s'il n'existe pas un consensus politique clair. Je suis convaincue que le débat relatif au rapport du Directeur général permettra de trouver des solutions.

L'OIT a jugé que sept conventions étaient fondamentales du point de vue des droits de l'homme. A cet égard, permettez-moi de rappeler que la Slovaquie est liée par 58 conventions de l'OIT et a répondu de manière positive à l'initiative du Directeur général visant à une ratification universelle de ces sept conventions. Récemment, le processus de ratification de la convention (no 138) sur l'âge minimum, 1973, et de la convention (no 105) sur l'abolition du travail forcé, 1957, a été entamé par le Conseil national de la République slovaque. La Slovaquie deviendra ainsi à la fin de cette année l'un des pays qui ont ratifié l'ensemble des sept conventions. A ce moment-là, la Slovaquie ratifiera également la convention (no 176) sur la sécurité et la santé dans les mines, 1995. L'un des éléments importants de l'ordre du jour de cette Conférence est également l'amendement proposé à la Constitution de l'OIT, qui permettra d'abroger les normes internationales du travail jugées obsolètes. Grâce à cet amendement constitutionnel, et par voie de conséquence à l'amendement au Règlement de la Conférence, la possibilité de fixer de nouvelles normes s'accompagnera de celle d'abroger les normes qui ne correspondent plus aux réalités du monde du travail et des relations sociales.

Un domaine essentiel des activités de l'OIT est celui de la coopération et de l'assistance technique. L'évolution de la fixation des normes devrait s'accompagner d'une nouvelle conception de l'assistance technique, particulièrement pour les pays en développement et les pays en transition. Il nous faut développer les activités éducatives, particulièrement dans le domaine du droit du travail, du droit de la sécurité sociale, de l'emploi et des conditions de travail. Dans le domaine de l'assistance technique, il serait souhaitable d'augmenter les ressources financières allouées à diverses activités de formation ainsi qu'aux consultations techniques relatives aux projets de loi nationaux portant sur le travail et les questions sociales. Les mesures visant à stimuler le développement des petites et moyennes entreprises devraient viser particulièrement la mise en place d'organisations et de programmes en ce domaine.

La création des conditions propres à améliorer les relations de travail et les relations sociales en vue de parvenir à la justice sociale constitue un objectif permanent de l'OIT. Les principes formulés dans la Déclaration de Philadelphie il y a plus de 50 ans restent valables pour le monde d'aujourd'hui, touché par la mondialisation et la libéralisation des échanges. Pour traiter efficacement les questions du travail et les questions sociales, il faut faire participer les organisations gouvernementales et non gouvernementales des différents pays.

Les changements à apporter aux pays d'Europe centrale et orientale en matière de démocratisation des systèmes sociaux nécessitent la formulation d'une politique économique et sociale adéquate. Ces pays s'orientent vers l'économie de marché. Parallèlement aux transformations économiques, une importance particulière est donnée aux réformes sociales, qui stimulent les réformes économiques et motivent les intéressés.

Le développement de l'assistance sociale en Slovaquie après 1989, et notamment après 1993, a été formulé, parallèlement au développement économique, dans le cadre de normes législatives nouvelles qui touchent profondément le domaine social. Elles se trouvent résumées dans un document intitulé «La conception des réformes sociales en République slovaque adopté par le gouvernement slovaque» en 1995. Ce document se fonde sur une reconstruction conceptuelle complexe des relations professionnelles individuelles et collectives et des réformes de la sécurité sociale ainsi que sur la solution des problèmes de l'emploi dans le cadre de divers aspects de la politique économique. L'Etat garantit le droit du citoyen a un juste revenu qui remplace le salaire si l'intéressé a perdu son travail sans que ce ne soit de sa faute. Le but des réformes menées dans le domaine de l'emploi s'exprime dans le concept de politique de l'emploi, y compris la politique de l'Etat, la politique du marché du travail et du service de l'emploi, et enfin dans une loi nouvelle sur l'emploi entrée en vigueur le 1er janvier de cette année. Cette loi détermine particulièrement les objectifs de la politique de l'emploi correspondant à la situation présente du marché du travail en Slovaquie. Elle transfère la responsabilité de la politique du marché du travail et de son application à une institution publique, le Bureau national du travail, et renforce le principe de la garantie des allocations de chômage. L'élaboration de la politique de l'emploi se poursuit en coopération avec l'Institut de recherche du travail, des affaires sociales et de la famille en mettant l'accent sur l'intensification des liens avec la politique du marché du travail. Les réformes sociales menées en République slovaque se fondent sur un lien mutuel entre les relations professionnelles et sociales, la synchronisation des relations professionnelles, des revenus du travail et des assurances sociales, des régimes de retraite complémentaires, de l'assistance sociale et de l'appui social de l'Etat.

En conclusion, permettez-moi d'exprimer ma reconnaissance au Directeur général du BIT, M. Michel Hansenne, et également à l'ensemble des membres du Conseil d'administration du BIT pour le travail qu'ils ont effectué et les efforts qu'ils ont déployés pour la préparation de cette session de la Conférence internationale du Travail. Je vous souhaite un grand succès dans votre lourde tâche. Je suis convaincue que cette Conférence sera couronnée de succès et permettra de faire aboutir les objectifs, ambitions et efforts de l'Organisation internationale du Travail, dont nous appuyons tous la réalisation.


Mise à jour par VC. Approuvée par NdW. Dernière modification: 26 January 2000.