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Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

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Arusha: 6-7 février 2003 (Dialogue régional)
 

   

Date et lieu

Le dialogue régional africain sur le thème: "Une mondialisation au profit de tous" s'est tenu à Arusha, en République-Unie de Tanzanie, les 6 et 7 février 2003. La réunion a été organisée par le secrétariat technique de la Commission mondiale, avec l'aide du gouvernement du pays d'accueil, du bureau de l'OIT à Dar es-Salaam et du bureau régional de l'OIT pour l'Afrique.

Participants et programme

Les deux coprésidents de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation ont ouvert la réunion, à laquelle ont participé, à titre d'orateurs invités, MM. Juan Somavia, K.Y. Amoako et Amara Essy. Les trois exposés ont été suivis de débats. On trouvera ci-après les principaux thèmes qui se sont imposés au cours des débats concernant les grandes préoccupations, les obstacles et la voie à suivre pour que l'Afrique tire le meilleur parti de la mondialisation aux niveaux national, régional et international.

Principales questions et préoccupations

==> L'Afrique ne peut se tenir à l'écart de la mondialisation même si elle pâtit des effets négatifs de ce processus qui continue de plonger de plus en plus de ses habitants dans un état de pauvreté extrême.

==> La mondialisation entraîne d'importantes réorientations des politiques ainsi qu'une réduction de l'influence des gouvernements africains. Conséquence de la privatisation et d'une libéralisation non réglementée, la majorité des Africains pauvres ont de plus en plus de mal à accéder aux services sociaux, notamment les services de santé et d'éducation, ainsi que l'approvisionnement en eau.

==> La réorientation des politiques qui accompagne la mondialisation a eu de nombreuses conséquences : fermeture d'entreprises - synonyme de perte d'emplois et de revenus -, élargissement du fossé entre les pauvres et les riches, forte progression de la criminalité et de la consommation de drogues, augmentation du nombre d'emplois avilissants comme la prostitution et le trafic de drogues.

==> La mondialisation a aggravé la marginalisation des groupes vulnérables - femmes, enfants, jeunes - , lourdement pénalisés par les difficultés d'accès aux ressources et aux services sociaux (éducation, santé, eau). Le VIH/SIDA n'a fait qu'empirer la situation : les orphelins sont de plus en plus nombreux, l'ostracisme dont sont victimes les malades s'intensifie.

==> La libéralisation a entraîné une croissance urbaine accélérée, responsable, pour des millions d'êtres humains, d'une dégradation des conditions de vie. Certains changements, comme la suppression des subventions agricoles, ont intensifié l'exode rural, phénomène dont les répercussions sur les conditions de vie en milieu urbain, sur l'environnement et sur la population ont été considérables. Il est regrettable que cet aspect de la mondialisation n'ait pas suscité l'attention qu'il mérite dans les débats mondiaux.

==> On n'a pas donné aux Africains les moyens de participer pleinement aux décisions qui ont des répercussions sur leur existence. Les politiques qui leur ont été imposées, plaquées directement sur des structures déjà fragiles, n'ont tenu aucun compte des spécificités nationales. Les politiques d'ajustement structurel - qui n'ont pas eu les résultats escomptés - et les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) adoptés ultérieurement sont perçus comme antidémocratiques. Les DSRP actuels n'accordent encore que peu d'importance à la création d'emplois.

==> Les économies africaines ont généralement du mal à entrer dans le processus de la mondialisation, comme en témoignent leur faible participation au commerce international, leurs médiocres performances à l'exportation, ainsi que leur incapacité à attirer le type et la quantité de capitaux étrangers dont ils ont besoin.

==> Les économies africaines sont désavantagées par leur inaptitude à la diversification. Outre la place excessive prise par les exportations de produits primaires, d'autres points faibles (notamment en matière d'échanges commerciaux, de taux de change, de politiques fiscales et d'infrastructures) ont contribué aux médiocres performances de l'Afrique à l'exportation et empêché le continent de prendre une part active à l'économie mondiale.

==> Plusieurs facteurs extérieurs ont également contribué à l'échec des tentatives de l'Afrique pour se faire une place sur le marché mondial : la détérioration des termes de l'échange, l'insuffisance des mécanismes compensatoires, le recul de la demande mondiale pour les exportations africaines, les fluctuations des cours mondiaux ainsi que les difficultés d'accès aux marchés dues aux pratiques commerciales inéquitables du monde développé.

==> Les pays africains ont du mal à relever les défis de la mondialisation, d'autant plus que plusieurs facteurs - faiblesse économique de la région, bouleversements politiques et sociaux, problème des réfugiés, VIH/SIDA, pauvreté et chômage - concourent à accroître leur vulnérabilité face aux secousses de l'économie. Les pays africains ont des difficultés à devenir autonomes et à réussir leur intégration dans l'économie mondiale.

==> Les pays africains n'ont pas les moyens de négocier. Certaines dispositions de l'OMC sont certes favorables aux pays en développement, mais l'Afrique n'a pas su en tirer parti pour consolider sa position sur le marché mondial. Seuls quelques pays africains ont su exploiter les possibilités offertes par des accords commerciaux qui leur sont ouvertement favorables, comme ceux prévus dans le cadre de la Loi sur la croissance et les perspectives économiques de l'Afrique (AGOA).

==> Leur capital humain est peu développé, en raison du très bas niveau des investissements consacrés au développement des ressources humaines, à l'éducation, à la formation et à la recherche-développement.

==> Le manque d'informations contribue également à freiner leur intégration dans l'économie mondiale. Certaines sociétés africaines vivent encore en autarcie et produisent uniquement pour leur consommation propre.

==> Certains s'inquiètent que, faute d'une gouvernance appropriée, l'Afrique fasse preuve d'une certaine "irresponsabilité" dans la mise en œuvre des décisions et des stratégies relatives au développement.

==> La faiblesse des déplacements transfrontaliers prive les pays africains de leur principale richesse, les ressources humaines, et freine également l'intégration régionale.

==> Les politiques de migration discriminatoires des pays développés provoquent l'exode des compétences. Des observateurs ont fait remarquer que la perte qui en résulte pour l'Afrique est plus importante que le gain qu'elle retire de l'assistance technique des pays développés.

==> La création d'emplois et l'utilisation de technologies à fort coefficient de main-d'œuvre n'ont pas reçu l'attention prioritaire qu'elles méritent, au vu de la montée du chômage, et cela même dans les pays où les taux de croissance ont été appréciables.

Principales recommandations

Au niveau national

==> Ouvrir l'économie sur des bases solides: la stabilité macroéconomique renforcera la présence des pays africains sur le marché mondial et créera un climat propice aux investissements directs étrangers.

==> Investir dans le capital humain - il s'agit de favoriser le développement des connaissances et des compétences, l'éducation, la formation et la recherche-développement.

==> Investir dans le développement des infrastructures afin de faciliter la participation des agents économiques à des activités productives.

==> Prendre des mesures vigoureuses pour assurer la diversification des activités économiques et notamment pour promouvoir l'essor du secteur manufacturier.

==> Accorder une importance accrue aux questions de gouvernance et à la lutte contre la corruption.

==> Axer davantage les DSRP sur la création d'emplois; assurer par ailleurs la cohérence des politiques de l'emploi et des politiques démographiques, et veiller à leur applicabilité.

==> Renforcer les capacités institutionnelles afin d'améliorer les politiques nationales, notamment dans les domaines de la finance, de l'emploi, de l'éducation et de la culture.

==> Réexaminer soigneusement les politiques sectorielles et les reformuler en fonction des réalités concrètes. Ce sont, par exemple, les faiblesses des politiques agricoles qui sont partiellement responsables, d'une part de la pauvreté en milieu rural, d'autre part de l'intensification de l'exode rural et de l'accroissement de la pauvreté urbaine qui en résulte.

==> Créer des conditions favorables à l'esprit d'entreprise et à l'essor du secteur privé.

==> Prendre des dispositions pour assurer la protection des entreprises nationales.

==> Le secteur informel joue un rôle essentiel dans la production et dans la création d'emplois; il convient donc " de le reconnaître plus formellement " d'élaborer des politiques en sa faveur " de faciliter l'accès au crédit et de renforcer les capacités de développement des compétences dans les domaines de l'artisanat et de la gestion.

On a pu constater dans de nombreux pays d'Afrique que les mécanismes de coopération en réseau du secteur informel font de ce dernier un important vecteur d'intégration, apte à proposer une réponse plus concrète que le secteur formel aux défis de la mondialisation.

==> Les mécanismes de sécurité sociale, véritable clé du changement et de la réduction de la pauvreté, doivent comporter des mesures - en particulier la facilitation de l'accès au micro-crédit - permettant aux pauvres de se prendre en charge.

==> Il est important de renforcer les politiques de lutte contre le VIH/SIDA.

==> Il convient d'organiser une campagne publique de sensibilisation et d'information sur les forces à l'œuvre dans la mondialisation, sur les risques qu'elle comporte et les opportunités dont elle est porteuse. La connaissance et la compréhension des enjeux liés à l'intégration régionale sont fondamentales pour construire une base solide au niveau national.

==> Inverser l'exode des compétences en créant, par des mesures adéquates, un environnement qui incite les professionnels qualifiés à rentrer au pays.

==> Adapter les politiques de l'habitat à l'accélération de l'urbanisation.

Au niveau régional

==> L'intégration régionale peut efficacement aider l'Afrique à s'insérer dans l'économie mondiale.

==> L'intégration régionale ne doit pas se fonder sur les seuls facteurs économiques: elle doit viser le bien-être des populations. Il importe de développer une identité régionale et de créer les conditions sociales qui permettent aux Africains de trouver des réponses proprement africaines à leurs problèmes. C'est dans un tel contexte que l'intégration régionale peut aider à atténuer les conflits et à vaincre la pauvreté.

==> L'intégration régionale comportera de nombreux avantages pour les économies africaines: élargissement du marché, augmentation des investissements et renforcement du pouvoir de négociation seront des atouts décisifs qui leur permettront de s'ouvrir, d'améliorer leur compétitivité et de peser d'un plus grand poids dans les accords commerciaux internationaux, autant de facteurs propres à accélérer l'intégration du continent africain dans l'économie mondiale.

==> On a pendant longtemps accordé une place prépondérante à la taille du marché, exprimée en chiffres, mais cette approche n'a pas débouché sur une transformation décisive des économies. Il faut aujourd'hui mettre l'accent sur la capacité du marché, c'est-à-dire sur le pouvoir d'achat, ce qui implique de prendre des mesures pour renforcer la position des principaux acteurs de l'intégration régionale, à savoir les individus.

==> Les milieux d'affaires jouent également un rôle essentiel et devraient à ce titre bénéficier de mesures visant à renforcer leurs capacités, afin de stimuler la participation du secteur privé.

==> Les pays africains doivent s'ouvrir davantage, l'intégration régionale n'étant possible que si les gens peuvent circuler librement.

==> L'Afrique ne peut bénéficier pleinement des possibilités offertes par la mondialisation que si elle met en place les politiques et les institutions d'accompagnement nécessaires. Au niveau régional, les politiques doivent être axées sur les objectifs suivants : stabilité macroéconomique, création d'emplois, investissements dans le capital humain, développement des infrastructures, qualité de la gouvernance, soutien du secteur privé, diversification des exportations, amélioration du fonctionnement du système financier et mise en place de dispositifs permettant d'assurer la protection des groupes vulnérables.

==> Les pays africains doivent accorder un niveau de priorité plus élevé aux projets d'intégration et fournir l'appui politique et financier nécessaires à leur bon déroulement.

==> Ils doivent travailler plus assidûment à la mise en place de projets d'intégration régionale, afin de pouvoir bénéficier des fonds qui peuvent être mis à leur disposition par la BAD ou d'autres institutions.

Au niveau international

==> Il faut entreprendre une réforme des institutions mondiales, notamment des institutions financières internationales, pour permettre aux pays africains de mieux se faire entendre.

==> Il faut mobiliser les ressources internationales pour renforcer l'aide publique au développement et alléger la dette.

==> Les pays développés devraient ouvrir leurs marchés aux produits africains, supprimer les entraves administratives qui paralysent les échanges commerciaux ainsi que les subventions agricoles, de manière à créer des conditions équitables pour tous et permettre aux pays africains de sortir de la pauvreté par leurs propres moyens.

==> Les pays développés devraient réexaminer leurs politiques de migration discriminatoires. Le problème de l'exode des compétences nécessite des mesures au niveau international.

==> Les pays technologiquement avancés devraient réexaminer leurs décisions et faciliter l'accès des pays africains à des traitements contre le VIH/SIDA moins coûteux. Il faut élaborer davantage de programmes d'aide aux orphelins du VIH/SIDA et prendre des mesures de lutte contre l'ostracisme qui frappe les malades.

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 Mise à jour le 26 novembre 2003