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Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

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Inde: le 11 Decembre 2002 (Dialogue national)
 

   

Date et lieu

Le dialogue national sur la dimension sociale de la mondialisation en Inde s'est tenu à New Delhi le 11 décembre 2002. En plus du professeur Deepak Nayyar étaient également présents Lord Bill Brett, Dr Lu Mai et M. Padmanabha Gopinath. Le bureau de l'OIT à New Delhi a fait office de secrétariat pour la réunion.

Participants et programme

La réunion a été organisée par le professeur Deepak Nayyar, guidé et soutenu par un comité directeur de personnes éminentes. Les membres de ce comité étaient les suivants: Mme Anu Aga, présidente, Thermax Limited, Pune; M. Mani Shankar Aiyar, député; Dr Sanjayxa Baru, rédacteur en chef, Financial Express; Pr Rajeev Bhargava, chef, Département des sciences politiques, université de New Delhi; enfin, Mme Renana Jhabvala, présidente, Association des femmes travaillant à leur compte (SEWA). La réunion a permis d'organiser un dialogue politique de haut niveau entre une centaine de citoyens sélectionnés issus d'horizons divers: industrie, syndicats, gouvernement, parlement, organisations non gouvernementales, médias, agriculture, enseignement, arts, culture et littérature. La séance plénière d'ouverture a permis aux membres de la commission de faire quelques exposés et de présenter certaines questions. Les thèmes du dialogue ont été subdivisés en deux ensembles de sessions parallèles. Dans le premier ensemble, les participants de divers groupes ont été réunis au hasard pour examiner certains thèmes communs relatifs à la dimension sociale de la mondialisation. Dans le second ensemble de sessions parallèles, des groupes sélectionnés ont été réunis pour discuter de questions précises intéressant les groupes respectifs. Les sessions parallèles ont été présidées par des membres du comité directeur. Les rapports sur le dialogue organisé dans le cadre des sessions parallèles ont été présentés par les présidents, puis examinés à la séance plénière de clôture durant laquelle tous les participants étaient présents. Les séances d'ouverture et de clôture ont été présidées par le professeur Deepak Nayyar.

Le rapport de la réunion peut être consulté sur le site Web de la commission.



Le dialogue a cherché à se concentrer sur les thèmes et questions clés par l'intermédiaire d'une série de questions posées aux participants. La question commune: Où en sommes-nous? Pensez-vous que la vie des Indiens s'est enrichie ou appauvrie du fait du processus en cours de mondialisation? Les participants ont été invités à formuler leurs commentaires concernant: a) La condition humaine: l'emploi, les moyens d'existence et les revenus; la santé, l'éducation et la protection sociale; b) Les valeurs sous-tendant la société et la politique de l'Inde: démocratie, justice sociale, laïcité et égalité entre les sexes; c) Qui sont les gagnants et les perdants actuels de la mondialisation dans notre société? Les nouvelles possibilités offertes par la mondialisation compensent-elles les nouvelles formes d'insécurité et d'inégalités? d) Notre souveraineté nationale a-t-elle été compromise ou renforcée par l'intégration au niveau mondial? La question spécifique: Que faisons-nous? De quelle manière le processus de mondialisation doit-il être modifié ou exploité pour qu'il profite à nos populations?

Les participants étaient priés de présenter leurs commentaires dans les domaines suivants:

Groupe de l'industrie, des travailleurs et de l'agriculture: a) De quelle manière peut-on promouvoir l'emploi et la productivité au niveau national dans le contexte de l'économie globale qui émerge? b) Quelles sont les grandes orientations essentielles à l'échelon local? c) De quelle manière peut-on renforcer le dialogue social? Les structures institutionnelles et organisationnelles établies à cette fin sont-elles adaptées à un contexte de mondialisation?

Groupe des gouvernements et des médias: Quels sont les changements à apporter aux politiques nationales et internationales pour tirer le meilleur parti de la mondialisation? Politiques nationales: a) Quelles sont les principales capacités nationales (politiques et institutions) nécessaires pour tirer le meilleur parti de l'économie mondiale, par exemple dans les domaines du développement humain, de l'infrastructure, et de l'organisation sociale? b) Comment peut-on renforcer la protection sociale dans un contexte de concurrence sur les marchés? c) Le rôle de l'Etat devrait-il changer en ce qui concerne les marchés et la société?

Politiques internationales: a) Les règles du jeu internationales sont-elles justes? Dans quel sens faudrait-il changer les politiques et les négociations internationales dans les domaines de la finance, du commerce et du développement pour que la mondialisation réponde mieux aux besoins de la population? b) Quelles sont les questions politiques pour les médias de l'Inde dans le contexte de la mondialisation?

Groupe des ONG et des parlements: a) Comment la mondialisation peut-elle être bénéfique aux communautés locales? De quelle manière le processus peut-il être rendu plus inclusif du point de vue des groupes sociaux, des questions de sexospécificité et des régions géographiques à l'intérieur du pays? b) Comment peut-on rendre les politiques et les institutions de la mondialisation plus responsables sur le plan démocratique? i) Les organisations internationales devraient-elles être davantage contrôlées par les parlements à l'échelon national? ii) De quelle manière les nouvelles technologies peuvent-elles aider à approfondir la démocratie en responsabilisant les acteurs sociaux et en favorisant l'organisation sociale? iii) De quelle manière les parlements peuvent-ils communiquer plus efficacement avec la société civile et les organisations communautaires? De quelle manière peut-on concilier les "voix" avec la "représentation"?

Groupe de l'éducation, de la culture et des arts: a) Dans une économie mondialisée, quelle serait une vision réalisable d'une vie décente pour la population? b) Quels sont les possibilités et systèmes éducatifs nécessaires aux populations pour tirer parti d'un accroissement de l'intégration mondiale? c) De quelle manière la mondialisation peut-elle contribuer à une meilleure promotion de la diversité culturelle et de l'innovation?

Perceptions

Le premier ensemble de sessions parallèles s'est penché sur les perceptions de la dimension sociale de la mondialisation. Sans surprise, les perceptions des participants ont été très variées. Dans une certaine mesure, les perceptions de la situation actuelle résultent du passé colonial. Cela étant, elles sont aussi influencées par les déséquilibres interrégionaux et par les inégalités entre les classes dans le pays. Avant tout, les perceptions de chaque personne dépendent de sa place dans la société. Des sujets de préoccupations communs ont néanmoins pu être relevés. Un large consensus s'est même dégagé sur certaines questions.

Il y a des gagnants et des perdants. Les gagnants sont peu nombreux. Ceux qui ont tiré parti de la mondialisation sont les jeunes, les personnes ayant reçu une instruction et les personnes appartenant aux milieux aisés des zones rurales et urbaines, ce qui représente une proportion infime de la population. Les perdants (à savoir ceux qui n'ont pas encore perçu les avantages de la mondialisation) sont nombreux. Au nombre de ceux-ci, les personnes socialement défavorisées et les ruraux pauvres figurent parmi les plus nombreux.

La mondialisation a effectivement apporté de nouvelles possibilités économiques, principalement pour les gagnants. Mais elle a aussi apporté de nouveaux risques et de nouvelles menaces, principalement pour les perdants. La mondialisation a été reconnue comme un processus dynamique, ouvert et contradictoire, qui libère des forces antagonistes.

Les participants ont eu pour préoccupation commune la condition humaine, notamment sous l'angle de l'impact de la mondialisation sur l'emploi, les moyens d'existence et les revenus. Deux dimensions du problème ont été mises en relief. La mondialisation a probablement développé l'emploi. La mondialisation a probablement aussi appauvri la nature de l'emploi.

L'impact de la mondialisation sur les prix intérieurs a pu accentuer la pauvreté. Il est possible que la sécurité alimentaire ait diminué pour les pauvres. Qui plus est, la dynamique de la mondialisation a pu créer une nouvelle catégorie de pauvres "non perpétuels". Leur exclusion a pu accentuer les problèmes sociaux en Inde. La mondialisation a une dimension sociale. Elle a également des conséquences sociales. Plusieurs participants ont estimé que la mondialisation risquait de porter atteinte à certaines valeurs telles que la démocratie, la justice sociale et la laïcité qui sous-tendent la politique et la société en Inde. Les avantages économiques de la mondialisation doivent donc être comparés avec le recul de la démocratie d'un point de vue sociopolitique.

Il est important de faire la distinction entre l'impact négatif de la mondialisation, d'une part, et les conséquences négatives des politiques économiques, sociales et politiques d'un pays, d'autre part. La réalité observée peut n'être due qu'en partie à la mondialisation. Elle peut également être attribuée à l'absence d'une bonne gouvernance ou à la présence d'une mauvaise gouvernance.

Prescriptions

Le second ensemble de sessions parallèles a formulé des prescriptions en étudiant ce qui pouvait être fait aux échelons local, national et mondial pour maximaliser les bienfaits et minimiser les coûts de la mondialisation pour la population. Là encore il y a eu de larges divergences d'opinions. Les différences tiennent en partie aux groupes auxquels appartiennent les participants. Ces derniers ont néanmoins réussi à s'entendre sur ce qui devait être fait.

Les préoccupations et aspirations de la population, des citoyens ordinaires, dépendent de leur situation dans l'emploi et de leurs conditions de travail. Il faut donc intervenir sur la mondialisation pour faire en sorte qu'elle crée des emplois. Il s'agit là d'une préoccupation primordiale, car la vie des personnes est influencée par leur emploi et leurs moyens d'existence. A cet égard, les participants ont souligné le contraste flagrant entre l'expérience de la Chine et celle de l'Inde de la mondialisation.

Les participants ont reconnu que l'Inde devait investir dans le renforcement des capacités à l'échelon national à tous les niveaux pour être à même de relever les défis et saisir les opportunités apportées par la mondialisation. L'importance d'investir dans la mise en valeur des ressources humaines, en développant l'alphabétisme, en assurant une éducation, en créant des qualifications et en développant les capacités a été mise en relief. Des investissements appropriés dans le développement d'une infrastructure physique ont été également considérés comme essentiels. Ces points ont été considérés comme déterminants pour pouvoir permettre à la population de mieux tirer parti des possibilités créées et de relever les défis posés par la mondialisation. Le rôle du gouvernement, aux niveaux central et des Etats, a été considéré comme vital.

La nécessité de permettre aux voix qui s'expriment d'être représentées et de développer les responsabilités au niveau politique a été reconnue et soulignée. En cette période où les riches se mondialisent et où les pauvres se marginalisent, on a estimé que les exclus ou les non inclus devaient avoir la possibilité d'être entendus. Des forums doivent être créés pour que ces voix soient entendues. Des filets de sécurité sociale de grande envergure doivent être mis en place pour remédier à l'exclusion des personnes marginalisées. Ces mesures correctives doivent être mises en œuvre dans la transparence avec des responsabilités clairement établies. Le rôle primordial des parlements dans le processus a été souligné, tout comme celui de la société civile au sens large. La représentation et les activités de promotion sont les plus importantes formes d'expression dans une démocratie. Les médias, avec leur impact potentiel considérable, pourraient intervenir de manière constructive en jouant un rôle de vérification et de contrepoids qui renforcerait la transparence et le sens des responsabilités. Certains participants ont estimé que le message des médias était trop influencé par les perceptions occidentales qui prédominent avec la mondialisation. Les médias doivent donc jouer un rôle plus actif en présentant sous des perspectives équilibrées des défis et des possibilités de la mondialisation.

Les participants ont été nombreux à reconnaître que les règles du jeu internationales étaient injustes pour les pays pauvres et la population. Ils ont donc estimé que les gouvernements devaient, d'une manière plus efficace, engager le monde extérieur à négocier de meilleurs régimes latéraux ou multilatéraux pour parvenir à des formes différentes d'engagement global. Ils n'y réussiront que si cela reflète les préoccupations et les aspirations de l'ensemble de la société, tous les intervenants confondus. Dans ce processus, le rôle des parlements est particulièrement important. Une négociation des règles internationales du jeu et une intervention sur le fonctionnement des institutions internationales s'avèrent déterminantes. Les parlements devraient être appelés à approuver les objectifs politiques des négociations et à ratifier les traités.

L'impact de la mondialisation sur la culture a préoccupé de nombreux participants. La culture mondiale et les sociétés issues du marché, qui peuvent conduire à une aliénation des individus ou des familles, risquent également de menacer la diversité culturelle et linguistique de l'Inde. La montée du communalisme et le développement du terrorisme ont été situés dans ce contexte. Aucune prescription claire n'a émergé. Les participants ont néanmoins estimé qu'il fallait trouver une solution à ces problèmes.

Conclusions

La discussion sur le dialogue a révélé une plus grande clarté aussi bien chez les participants chargés d'étudier les perceptions de la mondialisation que chez ceux chargés des prescriptions. Les débats ont été caractérisés par des divergences d'opinion liées aux préjugés des participants. C'est là une constante des discussions dans les autres dialogues nationaux. Tous les participants ont reconnu que le processus de mondialisation avait créé des gagnants et des perdants mais n'ont pas pu s'entendre sur l'identité et le nombre de ces gagnants et de ces perdants. De la même façon, les participants ont tous reconnu que la mondialisation avait créé des opportunités mais aussi des risques et des menaces; mais les avis ont été très différents sur l'importance relative des opportunités et des risques. Les divergences d'opinions ont été particulièrement visibles sur la question de savoir si le développement de la mondialisation avait un lien avec les problèmes observés dans l'économie, la politique et la société. Même si les responsabilités imputées étaient variables, les participants ont reconnu que les résultats observés découlaient d'une interaction dynamique des facteurs endogènes et exogènes qui marquaient la réalité de leur empreinte. Les participants ont été pratiquement unanimes à reconnaître que des mesures correctives étaient nécessaires aux échelons local, national et mondial.

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 Mise à jour le 5 juin 2003