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Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

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Lima: 16-18 février 2003 (dialogue régional)
 

    Le dialogue régional sur la dimension sociale de la mondialisation en Amérique latine s'est tenu à Lima, au Pérou, le 7 décembre 2002. Parmi les vingt participants se trouvaient Bill Brett, Daniel Funes de Rioja et Juan Somavia, des représentants du monde politique, notamment le président de la Chambre des Députés du Congrès mexicain ainsi que le ministre péruvien du Travail et de la Promotion de l'emploi, des dirigeants du monde des affaires, des représentants des organisations du monde du travail, de la société civile et des processus d'intégration ainsi que des universitaires.

Participants et programme

Une page Web indiquait les trois thèmes définis lors des dialogues organisés au Costa Rica, au Chili, au Mexique, en Argentine et en Uruguay:

- politiques propices à la création d'emplois, - initiatives en faveur des objectifs sociaux au sein des processus d'intégration régionale, - réformes permettant de passer d'un système multilatéral sectoriel à un système intégré et cohérent.

Principales questions et préoccupations

La manière dont l'Amérique latine participe à la mondialisation se distingue de celle de l'Afrique et de l'Asie et de celle des pays développés dont la participation s'exerce dans un contexte de bien-être social. La participation de l'Amérique latine s'inscrit dans un contexte de crise - une crise qui a lieu ici et maintenant. Cependant, cette réalité ne suscite pas de pessimisme dans la région. Elle génère plutôt la ferme résolution de trouver des solutions propres à donner à la mondialisation un visage plus humain.

Il a été souligné que la particularité de l'intégration de l'Amérique latine dans la mondialisation doit être dûment prise en considération dans le rapport final de la Commission mondiale.

Attentes, travail et compétitivité

Bien que la qualité de la vie soit devenue un concept universel de la mondialisation, la vaste majorité de la population de la région n'y a pas accès. La mondialisation a engendré de nombreuses attentes que les pays d'Amérique latine, qui connaissent des taux alarmants de pauvreté et d'inégalité, ne sont pas en mesure de satisfaire. Une telle situation crée un fossé au sein des sociétés. Il est clair qu'il ne peut y avoir d'intégration avantageuse dans la mondialisation sans cohésion sociale.

Le déséquilibre qui existe entre les attentes et les possibilités réelles place la question du travail et des revenus au centre du débat sur la mondialisation.

Il faut des relations harmonieuses entre l'Etat (qui doit promouvoir des conditions propices à la compétitivité) et le secteur privé (facteur de richesses et d'emplois s'il est compétitif). Sans compétitivité, il ne peut y avoir de participation réussie à la mondialisation.

La compétitivité devrait découler d'investissements plus importants ou plus rentables, et non d'une augmentation des taxes sur les importations. Les gains de compétitivité ne devraient pas résulter d'une diminution des salaires.

Comme les entreprises, les personnes doivent être compétitives, ce qui suppose une amélioration des niveaux d'instruction. Il faut aussi promouvoir la formation pour développer l'esprit d'entreprise. En outre, il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies nationales qui tiennent compte des propositions de l'OIT concernant le travail décent afin que le travail soit productif et les entreprises compétitives.

Développement et intégration

L'accent a été mis sur l'importance d'un modèle de développement alternatif dont la conception et l'application incluent l'intégration sous-régionale et régionale. Pour que l'Amérique latine tire profit de la mondialisation, les pays de la région doivent gérer leurs processus d'intégration de manière appropriée.

En Amérique latine, les exportations et les investissements se sont accrus mais les activités productives ne se sont pas développées au même rythme. Malgré de nombreux accords, le commerce intrarégional n'est pas devenu le pivot du processus régional de promotion de la production.

Il faut garder à l'esprit que l'absence de produits destinés à l'exportation pourrait bloquer les efforts commerciaux. Par exemple, entre 1993 et 2000, seulement 29 pour cent des produits inclus dans les accords spéciaux signés dans le cadre de l'Association latino-américaine pour l'intégration (ALADI) ont été utilisés.

Bien que les exportations aient augmenté, dans certains pays, il s'est agi essentiellement de produits de faible valeur ajoutée (exception faite du Mexique, qui a même pu exporter des produits de haute technologie). Si les exportations à destination du reste du monde concernent en général des produits à faible composante technologique, cela n'est pas le cas des produits commercialisés à l'intérieur de la région (en particulier, les produits du Brésil).

Il faut renforcer les processus actuels d'intégration en vue d'exporter des produits attractifs et rentables. Cela contribuerait à la création d'emplois et de revenus.

Il ne sert à rien de concevoir l'intégration régionale comme il y a vingt ans ou de la restreindre au seul commerce. Il faudrait rechercher un consensus sur un agenda qui faciliterait la création d'une capacité régionale d'élaborer et d'appliquer des politiques communes et qui permettrait de gérer les nouvelles réalités engendrées par la mondialisation.

Pour que l'intégration soit complète, ce nouvel agenda devrait, dès le début, inclure les droits fondamentaux de l'homme, les droits du travail ainsi que la volonté d'assurer le bien-être du plus grand nombre. Une intégration sous-régionale articulée est essentielle pour a) encourager le développement local, et b) négocier, entre autres questions, la manière dont l'Amérique latine souhaite être traitée dans la mondialisation.

a) Une intégration régionale nouvelle et active doit permettre des stratégies nationales de développement communes et complémentaires.

Le processus d'intégration de l'Amérique latine doit être redéfini et des objectifs sociaux proposés. Jusqu'à présent, l'attention a davantage porté sur le commerce que sur d'autres domaines qui auraient pu permettre de réduire la vulnérabilité de la région vis-à-vis de l'extérieur. Il serait souhaitable de parvenir à un consensus autour d'une stratégie qui dépasse les seuls accords commerciaux et qui inclut de nouvelles actions essentielles au développement humain.

Il est impératif d'adopter une approche intégrée des politiques économiques et sociales. Ces politiques doivent s'inscrire dans un cadre institutionnel approprié.

L'intégration régionale ne doit et ne peut se substituer aux politiques nationales pour régler les problèmes sociaux, mais elle peut et doit être complémentaire.

b) Une approche commune et combinée est la seule manière d'être entendue dans le contexte actuel, dans la mesure où les problèmes que rencontrent les pays latino-américains sont totalement inconnus.

Par exemple, les règles régissant l'ordre multilatéral sont avantageuses pour les pays industrialisés en favorisant le commerce des produits à haute technologie et en restreignant le commerce des produits de base. Ces règles contribuent à l'accroissement des flux de capitaux en insistant sur l'accélération de la privatisation et de la déréglementation dans la région afin d'assurer la rentabilité. Parallèlement, elles réduisent la mobilité des travailleurs peu qualifiés, une ressource relativement abondante dans les pays en développement.

L'asymétrie que l'on constate dans la mobilité internationale des facteurs de production engendre des problèmes de distribution, au détriment des moins mobiles, et entraîne une surproduction sur les marchés internationaux de produits dans lesquels les pays en développement sont spécialisés.

Un autre exemple est celui du régime de la protection de la propriété intellectuelle. Celui-ci ne profite pratiquement qu'aux pays industrialisés (où se concentre le progrès scientifique et technologique) et contribue à augmenter le coût de l'absorption des nouveaux progrès dans les régions en développement telles que l'Amérique latine.

L'ordre mondial actuel souffre d'une absence d'instruments internationaux efficaces aptes à garantir la conformité avec les objectifs de développement. Les objectifs de développement du Millénaire des Nations Unies et l'Agenda global pour l'emploi de l'OIT illustrent les efforts menés dans ce domaine.

Il faut renforcer les mécanismes d'intégration régionale en vue d'un plus grand pouvoir de négociation au niveau mondial, où des blocs de pays protectionnistes existent encore et où la question de l'asymétrie n'est toujours pas traitée adéquatement.

Les populations d'Amérique latine croient en l'intégration. Elles possèdent une conscience collective historique qui les incite à s'unir face aux difficultés. Cependant, confrontée aux nouvelles réalités de la mondialisation, la vaste majorité des Latino-américains attend des réponses précises aux problèmes grandissants qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne.

Résultats escomptés

La mondialisation n'a pas satisfait les attentes dans le domaine de l'emploi et du développement social mais cela ne fait peut-être pas partie des effets recherchés dans le processus. Le défi consiste donc à inclure ces objectifs dans l'agenda international.

La question est de savoir si l'Amérique latine est en mesure d'influencer l'agenda de la mondialisation pour que soient inclus parmi les résultats escomptés des facteurs susceptibles d'humaniser le processus, en particulier quand on sait que les programmes publics de la région sont soumis aux conditions posées par les institutions financières internationales, lesquelles ne tiennent pas suffisamment compte de la nécessité de concilier croissance économique et progrès social.

Les sociétés latino-américaines sont bien trop vulnérables à une gouvernance macroéconomique exclusivement définie par les pays développés. Par exemple, au niveau régional, elles ont perdu la capacité d'aborder les questions sociales avec l'aide étrangère. Les pays de la région sont évalués en fonction d'indicateurs d'équilibre macroéconomique et financier à un moment où ces économies souffrent de gros déséquilibres sociaux.

Le nouveau système financier international entraîne une asymétrie macroéconomique: les pays développés disposent de marges de manœuvre pour adopter des politiques anticycliques (en vue de stabiliser les fluctuations financières), mais les pays en développement n'ont pas cette liberté. Les politiques de stabilisation qui ont été menées, en particulier au cours de la précédente décennie, ont privé leurs économies d'instruments anticycliques leur permettant de faire face aux crises.

Il faut un système international doté d'une gouvernance mondiale où la concurrence autorise le développement d'alliances productives qui permettent à des régions comme l'Amérique latine d'être compétitives. La distribution inégale des avantages et des coûts de la mondialisation est un obstacle à la compétitivité.

Principales recommandations

Politiques de croissance


Il est indispensable de mettre en place des politiques différenciées en faveur du développement industriel, local et national, qui n'implique pas d'interventionnisme étatique. Cela suppose d'identifier des systèmes de promotion du développement que l'Etat peut appuyer dans un régime de démocratie économique.

Mettre l'accent sur le développement territorial contribuerait à moderniser les infrastructures et institutions locales. Cela encouragerait également la mise en place de politiques de développement de l'industrie au niveau régional et permettrait de faire évoluer le statut des pays producteurs de matières premières qui exportent des biens de faible valeur ajoutée.

Cela n'implique pas de revenir à des politiques sectorielles. Il s'agit plutôt de faire preuve d'innovation dans le domaine des politiques multisectorielles où les investissements dans la science, la technologie et la formation constituent des facteurs essentiels. Des politiques innovantes pourraient être menées sur le plan national, binational (en particulier dans le cas du développement transfrontières) ou multinational.

Migrations

Cette question est d'une grande actualité s'agissant de la dimension sociale de la mondialisation. Elle comporte deux aspects dans la région: le montant des fonds envoyés par les travailleurs migrants à leurs familles restées au pays, et l'émergence d'entrepreneurs productifs qui ont réussi et qui pourraient contribuer à la croissance du secteur privé dans leur pays d'origine.

Le contexte des migrations permet d'éclaircir le profil de la structure familiale en Amérique latine: l'importance de la famille au sens large plutôt que de la famille dite nucléaire et le rôle croissant des femmes en tant que soutien familial, y compris du point de vue économique.

L'exode de plus en plus important de travailleurs doués et qualifiés de l'Amérique latine vers les pays développés est alarmant.

Il faut renforcer les programmes bilatéraux et sous-régionaux, réguler l'accueil des migrants et encourager leur retour dans leur pays d'origine par la mise en œuvre de politiques de coopération visant à faciliter leur réinsertion.

L'Etat et la politique

Au niveau politique, le nouvel ordre mondial requiert volonté et imagination pour refondre les politiques latino-américaines et consolider, aux niveaux local et international, un système démocratique plus consistant, plus représentatif et plus ouvert à la participation.

L'érosion du rôle de l'Etat et de sa marge de manœuvre n'a pas été compensée par une institutionnalisation internationale garantissant la réalisation des objectifs fondamentaux de l'Etat. L'Etat doit être envisagé comme une entité ayant pour vocation de guider et non pas de remplacer les sociétés et les citoyens.

Rémunération et emploi

La relation rémunération-emploi est en crise. Un débat a été lancé sur l'allocation d'un revenu minimum aux citoyens. L'argument s'appuie sur les nouvelles réalités de la mondialisation et sur la nécessité d'assurer un revenu minimum (et non pas une aide sociale) aux citoyens.

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 Mise à jour: le 26 novembre 2003