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Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

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Porto Alegre: 25 janvier 2003 (Rapport sur le dialogue au Forum social mondial)
 

  Le Forum social mondial, qui s'est tenu en 2003, a réuni environ 100 000 participants. Il a souffert d'une organisation chaotique (bien que cela soit compréhensible lorsqu'un petit groupe de volontaires organise une conférence de cette taille). La commission mondiale a rencontré quelques difficultés d'organisation, notamment du fait d'une mauvaise circulation de l'information (l'événement n'avait pas été mentionné dans le programme principal). Les organisateurs locaux étaient surchargés, et la commission était située à grande distance du centre du Forum.

Cependant, quelque 150-200 personnes ont participé à l'événement, ce qui a donné lieu à un intéressant échange de points de vue. Les membres de la commission qui y ont participé étaient les suivants:

Bill Brett, Eveline Herfkens, Victoria Tauli-Corpuz, Alain Ludovic Tou, Aminata Traoré, Ernst von Weizsächer. Trois commentateurs représentant des organisations de la société civile participant au Forum étaient présents: Njoki, de l'organisation "50 ans, ça suffit", Martin Khor du Réseau pour le tiers monde et Mohammed Larbi de l'association Environnement Afrique.

La session a été animée par Roberto Savio.

Trois principaux thèmes ont été définis pour la discussion:

Déficit démocratique de la gouvernance mondiale Marge de manœuvre d'une politique nationale de développement Moyens de répondre aux besoins et aspirations des gens au niveau local

Après la présentation de ces thèmes par les membres de la commission, les trois commentateurs sont intervenus et un débat interactif a eu lieu avec l'ensemble des participants.

La remise en cause du paradigme

Une question qui a été soulevée de façon récurrente est celle de savoir s'il est possible de réformer le cadre actuel de la mondialisation et de travailler dans ce cadre ou s'il faut changer de paradigme. Une portion importante de la société civile est favorable à la seconde option, qui impliquerait un changement radical du système international et toucherait notamment les institutions de Bretton Woods et l'OMC, très critiquées (selon de nombreux participants du Forum, ces institutions devraient être supprimées).

Un commentateur a décrit l'OMC comme un puissant mécanisme de création de pauvreté et de désintégration. Il a été fait référence à une publication comportant 120 propositions de réforme de l'OMC. La crédibilité de toutes les institutions et commissions multilatérales a été mise en cause, y compris la commission mondiale, injustement décrite comme une instance plus soucieuse de charité que de justice. Les institutions internationales sont considérées comme superficielles, hypocrites, jamais avares de belles promesses et trop dépendantes de Wall Street. "Vous nous avez fait de nombreuses promesses et nous avons été déçus à chaque fois. Pourquoi devrions-nous vous croire cette fois-ci?" Par exemple, le Forum social africain a rejeté le cadre défini par les Objectifs de développement du Millénaire, basant son argumentation sur le fait qu'ils ne sont absolument pas réalisables avec le système actuel. Les ODM ont suscité des divergences, les uns y voyant un cadre valable, les autres un moyen de limiter les ambitions. Un commentateur a estimé qu'ils ne laissent entrevoir qu'un faible espoir. Pendant ce temps, la lutte continue en Afrique pour une vie digne et pour trouver des réponses aux appels à la solidarité, au droit à l'autonomie et à l'autodétermination. L'Afrique a été décrite comme le continent de l'espoir.

Les valeurs

Le système fondé sur deux poids, deux mesures a été dénoncé. Par exemple, on voit des pays riches exporter dans les pays en développement des pesticides dont ils interdisent l'utilisation chez eux. La quasi-totalité (95 pour cent) des décès liés à l'utilisation des pesticides se produisent dans le tiers monde qui n'utilise pourtant que 20 pour cent du volume total des pesticides employés dans le monde. Les pays riches ne sont pas les seuls responsables. La corruption qui sévit dans les pays en développement joue aussi son rôle. C'est à cause de ce genre d'exemple que les participants du Forum social mondial ne font absolument pas confiance à la plupart des tenants de la mondialisation. Les choses doivent changer et la commission doit y travailler.

Plusieurs intervenants ont jugé nécessaire de modifier les valeurs sous-jacentes du système. Il a été fait référence aux responsabilités des pays industrialisés, ainsi qu'à la nécessité de centrer la mondialisation sur les besoins des populations et de la rendre plus solidaire. Il a été suggéré que la conformité des décisions des organisations internationales avec la Déclaration universelle des droits de l'homme fasse l'objet d'un examen a priori. Il serait souhaitable que la commission produise un rapport auquel la société civile pourrait contribuer.

Propositions de changement

La déclaration d'un membre de la commission que les Etats ont abandonné une trop grande partie de leurs pouvoirs au marché et que cela doit changer n'a suscité aucune objection. Un commentateur a estimé qu'à bien des égards on sait parfaitement ce qu'il faut faire: ce qui manque, c'est le pouvoir de le faire. Des politiques spécifiques ont été suggérées.

Finance

Trouver une solution globale à la crise de la dette. Eviter que cette crise se reproduise, notamment en réglementant les flux de capitaux. Reréglementer les marchés des capitaux en tirant les leçons de la libéralisation des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Mettre en œuvre des moyens de stabiliser les taux de change. Recourir à d'autres solutions que l'ajustement structurel.

Commerce

Le commerce en général devrait être envisagé comme un moyen, non comme une fin. Les pays riches doivent ouvrir leurs marchés. Il faudrait faire peser moins d'exigences sur les pays du sud au regard des obligations de l'OMC. Les accords ADPIC doivent être modifiés - les populations doivent avoir accès aux médicaments. Globalement, il convient de rejeter les "questions de Singapour" au sein de l'OMC, afin d'éviter d'accroître le pouvoir des grandes entreprises au détriment de l'Etat.

Le prix des produits de base est une question qu'il faut cesser de négliger. L'effondrement des prix de certains de ces produits constitue la plus importante question commerciale à laquelle les pays en développement sont confrontés.

De nombreuses critiques ont été exprimées, mais sans que les participants s'opposent au travail de la commission. D'autres débats et discussions ont été marqués par des critiques bien plus virulentes au cours du Forum. Les participants se sont montrés bien disposés à l'égard de la commission mais sceptiques quant aux résultats que pourraient avoir ses travaux. Pour résumer l'état d'esprit, citons cette phrase d'un commentateur: "Si votre rapport est bon, nous vous aiderons".

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 Mise à jour le 10 juin 2003