Publié en novembre 2017
Rester ou partir : la migration devrait être un choix
Rester… ou partir ? C’est la question que des dizaines de milliers de jeunes se posent au Népal. Comme chez eux, les opportunités de travail sont réduites, beaucoup de jeunes népalais vont travailler à l’étranger.
Avec les risques que cela comporte: les abus potentiels durant le recrutement et l’emploi, les faibles garanties quant à la sécurité dans l’emploi, et peu d’assurance que les droits des migrants seront respectés.
Explorez cette « infostory » pour voir ce que fait le Népal pour promouvoir les opportunités de travail décent sur place et le choix éclairé en matière de migration à l’étranger pour travailler.
« J’ai dû laisser ma fille dans une auberge »
Sanju Nepali s’apprête à partir pour Dubaï pour y travailler comme domestique. Sans famille pour l’aider, Sanju a dû laisser sa fille âgée de deux ans dans une auberge à Katmandu. Sanju a peur que sa fille ne le reconnaisse pas à son retour.
Sunita Bk se prépare également à quitter le Népal pour la deuxième fois. Elle a travaillé quatre ans au Koweït pour s’occuper des six enfants de son employeur. Sunita dit qu’elle a été bien traitée, mais elle a rencontré beaucoup d’autres travailleurs domestiques qui n’ont pas eu sa chance.
La migration pour le travail au Népal : les faits
1600 travailleurs quittent chaque jour le Népal pour aller travailler à l’étranger. Près de 3,5 millions de permis de travailler à l’étranger ont été délivrés à des Népalais ces neuf dernières années.
La première destination des travailleurs migrants népalais est la Malaisie.
Aujourd’hui, la moitié des familles népalaises dépendent du soutien financier de leurs membres qui travaillent à l’étranger.
« Si j’avais suivi cette formation de maraîchère avant, je ne serais pas partie au Liban »
Sushila Tamang, maraîchère autrefois travailleuse domestique migrante.
Avant de partir à l’étranger : faire un choix éclairé
Dans l’ensemble du pays, les centres de ressources pour la migration du Népal permettent aux migrants potentiels de faire un choix éclairé avant de partir à l’étranger.
Dans le « Village du travail » mis en place par le gouvernement à Katmandu, les travailleurs népalais candidats à la migration viennent obtenir leur permis de travail. L’OIT y soutient un centre de ressource pour la migration où les travailleurs peuvent connaître leurs droits et les services de soutien dans les pays de destination, et avoir accès à un conseil juridique, un soutien et une orientation.
Dans les zones rurales, dans le cadre du programme Travailler en liberté certains anciens travailleurs migrants parlent de leur expérience de travail à l’étranger avec des jeunes qui envisagent de partir à l’étranger.
Organiser des rencontres avec des employeurs et des formations au Népal
Plus de 500 000 jeunes népalais arrivent sur le marché du travail chaque année. Le défi ? Créer suffisamment d’opportunités de travail décent pour que les migrants potentiels restent dans leur pays.
Les centres publics du service de l’emploi, avec le soutien du projet Informations sur le marché du travail et services de l’emploi (LIfE) financé par l'Agence de coopération internationale de la République de Corée (KOICA), aident les jeunes demandeurs d’emploi népalais à faire le bon choix en matière d’éducation, de formation et d’emploi au Népal.
Après le tremblement de terre, réparer les routes pour créer des emplois décents sur place
Le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 qui a frappé le Népal le 25 avril 2015 a tué près de 9 000 personnes, détruit une partie des infrastructures du pays et laissé des millions de personnes sans abri.
Grâce au soutien financier de la Banque mondiale, l’OIT aide le gouvernement du Népal pour l’un des plus grands projets d’infrastructure du pays, appelé « Programme de renforcement du transport dans les zones rurales (SNRTP)
Il représente une opportunité de créer des emplois décents pour les populations locales qui seraient parties travailler à l’étranger sans cela. L’objectif de ce programme est de créer 3,9 millions de journées de travail rémunérées pour construire des ponts, réparer et entretenir les réseaux routiers locaux, et franchir les rivières dans 36 districts.
La professionnalisation du travail informel dans le secteur du tourisme au Népal
L’objectif du projet « Sortir de l’informalité » financé par le gouvernement du Japon, est de formaliser et de professionnaliser les petites entreprises informelles, pour les rendre plus attractives pour les clients et les investisseurs, et plus durables.
Le tourisme est un secteur particulièrement prometteur pour promouvoir des emplois formels et développer l’économie locale.
Les femmes chefs d’entreprise au Népal s’émancipent
De plus en plus de femmes choisissent de lancer leur propre entreprise au Népal, et ne se contentent pas de créer des emplois décents.
Avec le soutien de l’OIT, les femmes chefs d’entreprise s’entraident pour réussir. Elles diffusent leurs pratiques en tant que chefs d’entreprise pour renforcer leur sécurité et subvenir aux besoins de leur famille ; ce faisant, elles changent les idées reçues traditionnelles sur le sexe et le rôle des femmes dans la société.
Avancer ensemble
Le Népal est face à des profonds défis. Mais en dépit d’années de difficultés politiques et économiques, il existe un dialogue continu et constructif et des partenariats internationaux actifs pour résoudre le problème de la migration économique et créer plus d’emplois décents.
En décembre 2016, pour le 50e anniversaire du partenariat entre l’OIT et le Népal, le Directeur général du BIT, Guy Ryder, a visité le Village du travail et a appelé à un élargissement des initiatives en matière de recrutement équitable, et à faire de ces politiques une réalité pour tous les travailleurs migrants de ce pays, pour que le peuple du Népal puisse « choisir la migration au lieu d’y être obligé».