Publié en septembre 2019
AU-DELA DU PLAFOND DE VERRE: UN REEL BESOIN DE FEMMES AUX POSTES DE DIRECTION
Les femmes sont plus instruites et plus actives que jamais sur le marché du travail, et elles occupent de plus en plus de postes à responsabilité. Pourtant, malgré ces avancées, elles continuent à être moins présentes que les hommes aux postes de direction au sein de l’entreprise.
Découvrez cette InfoStory pour comprendre pourquoi l’équilibre entre hommes et femmes à tous les niveaux de l’organisation est préférable, tant pour les entreprises que pour la société.
La place des femmes
A l’échelle mondiale, environ 50% des femmes en âge de travailler font partie de la population active, contre 75% des hommes. Ces chiffres à eux seuls ne reflètent toutefois pas tous les aspects de la réalité.
Les femmes sont également plus nombreuses que les hommes à accéder aux études supérieures. L’Afrique est aujourd'hui la seule région du monde où les femmes sont moins nombreuses que les hommes à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur, toutefois dans une très faible mesure.
Briser le plafond de verre
Depuis 1991, les femmes accèdent plus rapidement que les hommes aux postes de direction, en particulier dans les pays à revenu élevé, mais les données indiquent qu’elles ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre la parité avec les hommes à ces postes.
L'équilibre hommes-femmes aux échelons les plus élevés du monde des affaires n'a pas encore été atteint, aux postes de direction et au sein des conseils d'administration. En outre, plus l'entreprise est grande, moins il y a de chances de voir des femmes occuper les plus hautes fonctions.
Au-delà du plafond de verre
Près de 75% des entreprises dans le monde ont mis en place des politiques relatives à l’égalité des chances, à la diversité et à l’inclusion.
Or, d’après nos recherches, ces politiques ne suffisent pas à elles seules à corriger le déséquilibre entre hommes et femmes aux postes de direction, notamment du fait que le traditionnel plafond de verre n’est pas le seul obstacle auquel se heurtent les femmes qui tentent de gravir les échelons de la hiérarchie.
La culture du «n’importe où, n’importe quand»
Que ce soit dans les pays à revenu faible ou élevé, les femmes continuent d’effectuer la majorité des tâches domestiques et d’aide à la personne, même lorsqu’elles occupent par ailleurs un emploi rémunéré à temps plein.
Beaucoup d’entreprises entretiennent une culture de la disponibilité permanente, c’est-à-dire qu’elles attendent de leurs salariés que, tout naturellement, ils fassent des heures supplémentaires, prennent des appels téléphoniques en dehors de leurs heures de travail, et répondent à leurs courriels lorsqu’ils sont en congé. De ce fait, les femmes ont beaucoup de difficultés à concurrencer efficacement leurs collègues masculins et à s’élever dans la hiérarchie, car elles doivent concilier responsabilités familiales et priorités de carrière.
Le mur de verre
Le mur de verre symbolise le phénomène de ségrégation professionnelle, où les femmes cadres se concentrent essentiellement dans les fonctions de soutien opérationnel (ressources humaines, finances, administration). A ces postes, les femmes ont un pouvoir de décision restreint et leur contribution stratégique est limitée, c’est pourquoi elles n’ont guère de possibilités d’ascension au sein de l’entreprise.
En revanche, les hommes cadres sont surreprésentés dans la recherche et le développement, les pertes et profits, et les opérations. Ces domaines sont traditionnellement considérés comme plus «stratégiques» et concentrent généralement les postes décisionnels aux niveaux les plus élevés.
Le syndrome du «tuyau percé»
La proportion des femmes tend à diminuer à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie, ce qui signifie que les hommes continuent d’être plus nombreux aux postes de direction et au sein des conseils d’administration. Si les femmes ne sont pas présentes aux postes les plus élevés de l’entreprise, elles ne seront pas en mesure d’exercer l’influence nécessaire pour faire évoluer la culture du lieu de travail, et le cercle vicieux de la domination masculine se poursuit.
Tant que les femmes seront sous-représentées dans les fonctions décisionnelles, le problème de «tuyau percé» demeurera. Les entreprises dirigées par des femmes auront davantage tendance à embaucher des femmes aux postes de direction.
Un écart persistant
L’écart de rémunération entre les sexes ne disparaît pas lorsque les femmes accèdent à des postes de direction. En fait, dans 43 pays sur les 93 pour lesquels des données sont disponibles, les écarts salariaux entre hommes et femmes sont plus élevés chez les cadres que parmi l’ensemble des salariés.
L’écart de rémunération entre les sexes reste un indicateur persistant de l’inégalité entre hommes et femmes dans le monde du travail.
Les avantages de l’équilibre hommes-femmes
L’analyse de rentabilisation des lieux de travail où l’équilibre entre les sexes est respecté est de plus en plus solide. Les deux tiers des entreprises sur lesquelles porte l’étude du BIT conviennent que les initiatives en faveur de la diversité améliorent leurs résultats commerciaux.
Les entreprises qui ont à la fois une culture commerciale et des politiques inclusives peuvent espérer atteindre les résultats suivants:
- accroissement de 63% de la rentabilité et de la productivité
- renforcement de 60% de la capacité d’attirer et de retenir les talents
- amélioration de 59% de la créativité, de l’innovation et de l’ouverture
- amélioration de 58% de l’image de l’entreprise
- renforcement de 38% de la capacité d’évaluer l’intérêt et la demande des consommateurs.
Lorsque la parité existe au sein des conseils d’administration, les entreprises ont 20% de plus de probabilité d’améliorer leurs résultats commerciaux.
Source: Enquête du BIT auprès des entreprises, 2018.
Résultat final
La plupart des entreprises déploient beaucoup d’efforts pour obtenir une amélioration de 2 ou 3% de leurs marges bénéficiaires. Parmi celles enquêtées par le BIT qui prennent en considération l’impact de la diversité des sexes dans les fonctions dirigeantes, plus des deux tiers font état d’une augmentation de leurs bénéfices de 5 à 20%.
En affaires, il est impossible de ne pas tenir compte du résultat net. Et dans la conjoncture économique incertaine d’aujourd'hui, la diversité des genres dans les postes de direction est nécessaire à la performance compétitive des entreprises.
Remédier au problème du «tuyau percé»
- Promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée
- Garantir l’adhésion aux politiques
- Exploiter le facteur d’attraction
- Remettre en question les préjugés dans la société
Promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée
A l’ère du numérique, les entreprises doivent plus que jamais anticiper et s’organiser en prévision de la fin de la culture de la disponibilité permanente.
Les mesures telles que les horaires de travail flexibles, le télétravail, le congé de maternité et de paternité, et les programmes de retour à l’emploi visent à garantir que les femmes ne seront pas défavorisées au travail en raison de leurs responsabilités domestiques. En fait, ces mesures bénéficient à tous les travailleurs, peuvent contribuer à réduire le stress et le surmenage, et se traduisent par une productivité plus durable à long terme.
Garantir l’adhésion aux politiques
Les politiques d’entreprise ne sauraient résoudre tous les problèmes, mais elles sont un excellent moyen de commencer à remédier aux déséquilibres entre hommes et femmes.
Nos recherches montrent que, dans les entreprises qui adoptent des politiques actives sur l’égalité des chances et qui tiennent compte de la problématique hommes-femmes, il y a davantage de femmes à tous les niveaux hiérarchiques. Cependant, faute d’adhésion de la part des cadres, ces politiques resteront lettre morte. La formation des cadres est essentielle pour faire en sorte que ces politiques deviennent une réalité sur le lieu de travail.
Exploiter le facteur d’attraction
Les femmes qui occupent des postes de direction attirent davantage de femmes à tous les niveaux de l’entreprise. Nos recherches montrent un lien positif entre le fait d’avoir une femme PDG et une probabilité supplémentaire de 12% d’avoir des femmes cadres supérieurs, ce qui met en évidence le facteur attractif.
Les entreprises dont le conseil d’administration est présidé par une femme auront généralement plus de chances d’atteindre un équilibre hommes-femmes à tous les niveaux hiérarchiques et dans tous les départements. Ce facteur d’attraction est la clé pour remédier au problème du «tuyau percé».
Remettre en question les préjugés dans la société
Plus de 75% des personnes interrogées admettent que la culture de leur entreprise reflète les comportements et les traditions de la société dans laquelle elles vivent.
Les entreprises ne peuvent à elles seules mettre un terme aux préjugés sexistes à l’échelle de toute la société, mais elles peuvent les remettre en question en reconnaissant qu’ils existent, en observant comment ils se manifestent et en les combattant dans les mentalités sur leur lieu de travail. Des programmes d’encadrement, des campagnes de sensibilisation et des politiques de transparence sont autant d’outils efficaces pour lutter contre les stéréotypes sexistes en général.
Dans un monde du travail en rapide mutation, et compte tenu des pénuries de main-d’œuvre prévues lors des prochaines décennies, les entreprises ont pourtant tendance à sous-estimer le potentiel du pouvoir mobilisateur que représentent les femmes et, ce faisant, elles se mettent elles-mêmes en danger.
Les données indiquent clairement que l’équilibre entre hommes et femmes – notamment aux niveaux décisionnels – est non seulement une bonne chose pour les entreprises, mais cela ouvre aussi la voie à des entreprises plus diversifiées et plus productives servant les intérêts de l’ensemble des travailleurs, des employeurs et des sociétés en général.
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